Introduction — Traquer l’électricité qui s’échappe sans bruit
On l’appelle “consommation fantôme” pour une bonne raison : elle n’éclaire rien, ne chauffe personne, mais alourdit la facture chaque mois. Téléviseurs et box en veille, consoles en “repos”, enceintes connectées qui tendent l’oreille… additionnés, ces appareils peuvent représenter une part non négligeable de la dépense électrique d’un foyer. Les estimations publiées par la presse conso et reprises de l’ADEME situent ce poids jusqu’à environ 10–15 % de la facture (hors chauffage et eau chaude). Autrement dit, couper la veille, c’est rallumer le bon sens.
1) Ce que recouvre vraiment “la veille” en 2025
Tous les arrêts ne se valent pas. Le cadre européen actuel précise des plafonds selon le mode d’un équipement : “off” (branché mais sans fonction), veille simple, veille avec affichage, veille réseau. Depuis le règlement (UE) 2023/826, applicable en 2025, les limites se resserrent : l’“off” tombe à une fraction de watt, la veille simple s’aligne sur 0,5 W, la veille avec affichage est encadrée, et la veille réseau est plafonnée à quelques watts selon la catégorie d’appareil. L’esprit du texte est clair : basculer automatiquement vers un état frugal quand l’utilisateur n’en a pas l’usage, et indiquer noir sur blanc les puissances concernées dans la notice. C’est une bonne nouvelle pour le consommateur… à condition de paramétrer correctement ses équipements.
2) Mesurer avant d’agir : trois façons de prendre l’empreinte
La lutte contre la veille se gagne avec un chiffre, pas avec une impression. D’abord au niveau du logement : le compteur Linky affiche la puissance apparente instantanée (PAPP, en VA). Un relevé tard le soir, lorsque rien d’important ne fonctionne, donne une charge de fond. En coupant puis en réenclenchant zones ou circuits, on voit immédiatement ce qui pèse. Attention toutefois : le VA n’est pas le watt facturé ; on s’en sert ici comme indicateur pratique pour repérer les “vampires” de base. En complément, un wattmètre branché entre la prise et l’appareil mesure la puissance réelle (W) et parfois l’énergie cumulée (kWh). Relevez l’appareil en veille, éteint, puis en usage sur 24 h : vous obtenez un coût annuel simple à projeter (kWh/an = W × 24 × 365 / 1000). Enfin, pour prioriser les efforts, un simulateur pédagogique comme Wattris aide à visualiser l’appel de puissance typique des appareils du foyer et à comprendre quels usages décaler ou discipliner.
3) Couper la consommation en veille sans se compliquer la vie
L’objectif n’est pas de transformer la maison en cockpit, mais de réduire la charge de fond sans friction. Dans le salon, regrouper télé, barre de son et console sur une multiprise à interrupteur permet d’éteindre vraiment quand on quitte la pièce. Au bureau, une prise programmateur coupe la nuit l’écran secondaire, l’imprimante et les chargeurs oubliés. Les appareils qui rendent un service 24/7 — routeur, alarme — restent alimentés, mais on désactive les ports USB inutiles et les fonctions d’“écoute permanente” qui maintiennent la veille réseau éveillée. Côté consoles, le “mode repos” est pratique pour les mises à jour, mais il consomme plus qu’un arrêt net : à chacun de choisir entre confort et sobriété… en connaissance de cause, via un passage par les paramètres d’alimentation.
4) Ordres de grandeur : où partent ces fameux watts ?
Sur les téléviseurs récents, la veille simple descend généralement sous le demi-watt ; c’est souvent l’affichage d’horloge, les voyants ou la connectivité réseau qui font grimper la note. Les décodeurs TV, box hybrides et boîtiers multimédias restent des suspects classiques, car la veille réseau est par nature plus gourmande qu’un “off” franc. Un routeur moderne, lui, consomme quelques watts en continu : on évite de le couper s’il porte l’alarme, la domotique ou les thermostats, mais on vérifiera les options “éco” et les périphériques alimentés en permanence. La bonne méthode consiste à mesurer localement au wattmètre ce qui n’est pas documenté, et à aligner ses réglages sur les seuils européens lorsqu’ils sont disponibles dans la notice.
5) Le calcul qui change tout
Ramenez toujours la chasse à la veille à une équation simple. Une réduction de 20 W sur la charge de fond, c’est 175 kWh/an environ ; à 0,25 €/kWh, on parle d’une quarantaine d’euros par an. À 50 W, vous dépassez les 100 €. On comprend vite l’intérêt de quelques gestes bien placés : une multiprise à interrupteur là où l’on passe du temps, un paramétrage plus strict des consoles, deux ou trois appareils rebranchés sur une ligne “coupée” la nuit. Le tout s’observe très bien au Linky (PAPP) et se vérifie au wattmètre : on coupe, on mesure, on garde ce qui marche.
6) Un plan d’action en douceur
Commencez par cartographier la nuit la plus “calme” de la semaine, notez la PAPP plancher, puis remontez la piste : salon, bureau, cuisine. Fixez-vous des objectifs réalistes (par exemple retirer 30 W de charge de fond ce mois-ci) et rendez-les visibles : une LED éteinte sur la multiprise, c’est un rappel tangible que la veille ne mène nulle part. Ajustez enfin vos compromis : si vous adorez l’auto-mise à jour de la console, laissez-la active le week-end seulement. L’énergie la plus simple à économiser reste celle qu’on n’a pas consommée ; parfois il suffit de rendre à l’interrupteur son pouvoir d’interrompre.
FAQ (extrait)
La veille pèse vraiment autant ?
Les ordres de grandeur publiés dans la presse conso à partir des données ADEME évoquent jusqu’à 10–15 % de la facture d’électricité d’un foyer, hors chauffage et eau chaude. C’est un plafond ; la réalité dépend du parc d’appareils et des habitudes.
Les seuils 2025, c’est quoi ?
Le règlement (UE) 2023/826 encadre l’“off”, la veille simple, la veille avec affichage et la veille réseau, avec des plafonds de puissance très bas et un basculement automatique vers un mode frugal. Les notices doivent indiquer ces valeurs.
Linky m’aide à traquer les veilles ?
Oui : la PAPP (VA) révèle la charge instantanée. Ce n’est pas la puissance active facturée, mais c’est un excellent indicateur pour suivre les progrès de votre plan d’action.
Le mode repos d’une console, c’est grave ?
Il est pratique, mais plus coûteux qu’un arrêt complet. Les fabricants détaillent les paramètres d’économie d’énergie et la durée avant bascule en repos : prenez deux minutes pour les ajuster à vos usages.
Sources
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UFC-Que Choisir — La consommation cachée des appareils en veille (ordre de grandeur jusqu’à ~10–15 % hors chauffage/ECS). UFC-Que Choisir
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EUR-Lex — Règlement (UE) 2023/826 : exigences d’écoconception 2025 pour l’“off”, la veille et la veille réseau (plafonds, auto-basculement, information au consommateur). EUR-Lex
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Enedis / documentation Linky — lecture de l’écran “Puissance App(ellée)” (PAPP), indicateur de charge instantanée. Enedis.fr
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ADEME — Wattris, simulateur de consommation électrique (visualiser les appels de puissance et prioriser les actions). agirpourlatransition.ademe.fr
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PlayStation (Sony) — Paramètres d’économie d’énergie / mode repos, réglages d’alimentation et bascule automatique. PlayStation